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Lieu sur le Campus Saint Charles, Salle de Conférences

 

« Agoudas »

 

Maureen Ragoucy (photographe documentaire et vidéaste)

Née en 1984 à Paris, Maureen Ragoucy est diplômée de l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne, vit et travaille à Lille. Dès 2010, son travail Famille Gassama est exposé aux Champs libres – Musée de Bretagne à Rennes, puis son œuvre Barça mba barzakh est acquise par le Musée National de l’Histoire de l’Immigration. En 2012, elle est en résidence photographique dans le cadre de l’opération Des clics et des Classes, reçoit une bourse de mobilité du Fonds Roberto Cimetta. En 2013, elle présente au public sa deuxième exposition personnelle Pérégrination à Lille. En 2014, elle est lauréate de la bourse Déclics Jeunes de la Fondation de France pour Rappelle-toi Barbara, dont un extrait est visible au Musée Champollion. En 2015, sa proposition Cultures est présentée à Roubaix. Le Centre de l’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon installe Barça mba barzakh lors de l’exposition Rêver d’un autre monde en 2016. Maureen Ragoucy est invitée par l’Alliance française au Pérou, pour la résidence photographique « Martine Franck » en 2017 et expose ses travaux Ari quepay et Agoudas à la première Biennale de photographie de Cusco. En 2018, le Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de Genève présente Barça mba barzakh lors de l’exposition EXIL, et la Maison natale Charles de Gaulle et les Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine consacreront une importante exposition personnelle de son travail Rappelle-toi Barbara.

Avec la posture de l’anthropologue et les moyens de son art – installation, photographie, vidéo et enregistrement sonore –, Maureen Ragoucy bâtit ses travaux autour des rencontres qu’elle provoque. Elle porte un regard sobre et sensible sur la question du lien de l’Homme avec sa communauté d’origine et celle d’adoption, du rapport du singulier à l’universel. Liant la notion d’exil à celle d’identité, les questions de la famille, de la transmission, de l’intimité et de la mémoire se révèlent de manière inédite.

Au cœur du processus de création et selon une méthode de travail prédéfinie, Maureen Ragoucy invente des dispositifs autour du déplacement, de la pérégrination et les règles qu’elle se donne constituent des prétextes à la rencontre. D’abord avec des inconnus dans la rue en France puis en Espagne, où étrangère, elle rencontre bien plus étranger qu’elle, le grand nombre d’immigrés latino-américains fait écho de manière inattendue à son travail. Se reconnaissant peut-être en partie dans son regard d’étrangère, ces étrangers se confient. Elle poursuit son travail au Mali puis au Sénégal, pays qui voient chaque année des milliers de personnes « partir à l’aventure ». Elle n’hésite pas à se déplacer, pour se rapprocher des individus qu’elle interroge et pour mieux appréhender la relation, à apprendre leur langue. Ses rencontres la mèneront au Brésil à la découverte de l’héritage culturel japonais ; au Cap-Vert, auprès de la diaspora revenue sur sa terre d’origine ; au Bénin, elle identifie les Agoudas et les descendants de la communauté afro-brésilienne ; au Pérou, elle interroge la diversité culturelle, sociale et linguistique des familles. En 2011, l’artiste initie un projet au long cours sur les femmes ayant vécu la Seconde Guerre mondiale qu’elle appelle à se souvenir. Son appareil photo ou sa caméra lui servent de passeport à la rencontre. En se plaçant systématiquement sur un même pied d’égalité que ses interlocuteurs, son approche documentaire est frontale, directe, réaliste et respectueuse. Ce qui l’intéresse avant tout, c’est de faire dialoguer ses images avec les récits de ses sujets, recueillir leur parole. Son objectif isole son sujet pour révéler sa particularité, sa singularité, son originalité ; ses entretiens dévoilent l’invisible, l’indicible. Cependant, l’aspect dramatique des histoires personnelles qui émerge des différentes rencontres ne prend jamais le dessus sur la légèreté et la simplicité des contacts qu’elle tisse. Ce qui motive Maureen Ragoucy c’est la nécessité de comprendre et de dire. Les histoires personnelles et intimes qu’elle recueille entrent alors dans le champ de l’histoire collective, du patrimoine vivant et oral qu’elle sauvegarde. Dans ses installations, Maureen Ragoucy documente le réel qui oscille entre rêve et réalité, mythe et désillusion, fantasme et vérité.

 

Le projet « Agoudas »

Le déplacement, l’exil, l’identité, la transmission, l’héritage culturel et la mémoire sont autant de sujets mis en question dans le travail de Maureen Ragoucy.Après une recherche sur les Japonais du Brésil venus s’installer au début du 20ème siècle dans la région de São Paulo, l'artiste est allée à la rencontre d’une autre communauté née de l’exil, celle des Afro-Brésiliens du Bénin. Cette communauté appelée Agoudas — mot qui vient du portugais « ajuda » signifiant « aide » — désigne au Bénin, ainsi que dans les pays voisins, les descendants de Brésiliens (re)venus s’installer en terre africaine au cours des 18ème et 19ème siècles. La communauté Agoudas, étrangement, mêle descendants de négriers et descendants d’esclaves dans une même affirmation identitaire. Elle perpétue le souvenir de l’esclavagisme et inscrit les traces du pays de l’exil dans le pays de l’origine retrouvée. Ainsi certaines pratiques et croyances se sont-elles transmises de génération en génération, vivantes encore aujourd’hui à travers les noms de famille, le code vestimentaire (« à l’européenne »), l’architecture, les pratiques culinaires, et surtout dans la création de ballets intégrant non seulement musique, chant et danse, mais aussi pantomime et masques d’animaux ou de célébrités internationales.

 Les photographies issues de ce parcours montrent l’importance de l’héritage culturel brésilien dans le pays — principalement dans les villes de Porto-Novo et de Ouidah —, et à quel point, après des siècles, il nourrit encore et de façon très visible la réalité béninoise.

 

Agoudas

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