Les raisons d'une « dominance » : comprendre le fonctionnement au concret des partis dominants africains
Just Mietté Likbi  1@  , Cyrielle Maingraud-Martinaud  2@  
1 : Les Afriques dans le monde
Sciences Po, CNRS : UMR5115
2 : Les Afriques dans le monde  (LAM)  -  Site web
Sciences Po, CNRS : UMR5115
11, Allée Ausone 33607 PESSAC CEDEX -  France

La trajectoire des partis dominants fait aujourd'hui l'objet d'une attention renouvelée (Magaloni, 2006), notamment au regard de la longévité au pouvoir de nombreux partis sur le continent africain (Doorenspleet et Nijzink, 2013 ; Bogaards et Elischer, 2016). Ce phénomène touche non seulement l'Afrique australe (voir entre autres Cooper, 2017 sur l'Afrique du Sud et la Namibie) mais aussi l'Afrique orientale (Perrot, 2016 pour l'Ouganda ; Makulilo, 2006 pour la Tanzanie), centrale (Ndombet, 2015 pour le Gabon ; Owona Nguini, 2016 pour le Cameroun) et occidentale (Toulabor, 2008 pour le Togo). Au delà des différents modes d'exercice du pouvoir et donc de la question des régimes politiques, ce panel a pour objectif de s'interroger sur les conditions concrètes de possibilité de ces diverses situations de domination politique.

En adoptant une approche résolument comparatiste et en cherchant à confronter des cas souvent distingués entre systèmes démocratiques et autoritaires, ce panel cherche à dépasser les enjeux classiques de la labellisation pour se pencher sur le fonctionnement au concret de ces organisations partisanes, resituer leurs pratiques de domination et leurs stratégies de reproduction et de renouvellement.

Il s'agira de réfléchir à trois dimensions principales de ces « dominances » :

  • tout d'abord au fonctionnement local de ces partis, notamment leur capacité de pénétration des sociétés (par exemple à travers des organisations satellites), de mobilisation de leurs membres et militants (notamment pendant les campagnes électorales) et de recrutement en organisant des filières de cooptation et / ou captation des élites ;

  • ensuite, en resituant leurs relations fusionnelles avec l'Etat, entre autres à travers l'étude des modalités d'accès aux postes de responsabilité, aux échanges de personnel entre l'administration étatique et le parti et à la multipositionnalité de certains agents entre ces deux sphères ;

  • enfin, en étudiant le positionnement de ces organisations au sein des systèmes partisans, par exemple en suscitant la fluidité des affiliations et / ou la défection des membres de partis d'opposition, en encourageant la création de partis satellites ou de semi-opposition et en organisant des systèmes multipolaires segmentés qui renforcent leur centralité.

Sans exhaustivité, ce panel s'appuiera sur des contributions ancrées empiriquement, notamment lorsqu'elles issues d'enquêtes de type ethnographique, biographique et récits de vie ou historiques.


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