De l'enchantement au désenchantement, l'Afrique dans sa relation au « Sud »
Xavier Aurégan  1, 2@  
1 : Centre québécois d'études géopolitiques  (CQEG)  -  Site web
Hautes études internationales Pavillon Charles-De Koninck 1030, avenue des Sciences-Humaines Bureau 5456 (5e étage) Université Laval Québec (Québec) G1V 0A6 -  Canada
2 : Centre de recherches et d'analyses géopolitiques  (CRAG)  -  Site web
Université Paris VIII - Vincennes Saint-Denis : EA353
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Devenant multipolaires, induites par une atomisation des pouvoirs politiques, économiques, financiers et culturels, les relations internationales témoignent de la montée en puissance d'acteurs communément réunis sous l'acronyme BRICS. Parmi elles, la République populaire de Chine (RPC) et la République de l'Inde, notamment, reconfigurent ainsi les rapports interétatiques en s'affirmant sur la scène internationale. Il s'agit d'un défi considérable puisqu'elles contribuent à un « nouvel ordre mondial », bouleversant les équilibres hérités de la Seconde Guerre mondiale et plus certainement de la fin du monde bipolaire. Témoin et acteur de ces nouvelles synergies, l'Afrique a un rôle et une place dans l'échiquier mondial qui s'en trouvent renouvelés.

Cette proposition de panel porte sur ces pays dits du « Sud » et/ou émergents, hier réunis sous les appellations « tiers monde » ou « pays non-alignés », qui ont construit des relations certes singulières avec le continent, mais qui convergent néanmoins et généralement vers l'affirmation d'un contre-pouvoir à l'Occident. De l'Amérique latine (Brésil et Venezuela principalement) à l'Asie (Chine et Taïwan, Inde ou Corée du Sud), en passant par le Moyen-Orient et l'espace post-soviétique, ces États ont tous eu de bonnes raisons de développer des partenariats avec leurs homologues africains : soutien diplomatique, matières premières, lutte anticoloniale voire anti-impérialiste, stratégies commerciales et industrielles, diversification des investissements, acquisition d'expérience et de savoir-faire, Soft Power, etc.

Depuis la Conférence de Bandung en 1955, les liens empreints de solidarité entre pays du tiers monde et africains se sont complexifiés, densifiés et décomplexés. D'un soutien militaire et idéologique aux stratégies commerciales de groupes chinois, brésiliens, indiens ou encore russes, l'évolution de ces présences étrangères et non-occidentales est à corréler à la montée en puissance d'États dits émergents sur la scène internationale. Ces présences et interventions, partiellement liées aux ressources d'un continent recelant un tiers des matières premières, impactent différemment mais substantiellement les économies et territoires africains. Ces diverses modalités d'intervention externes peuvent accroitre une dépendance interne attribuée aux anciennes puissances coloniales, jusqu'à prendre la forme d'extraversions rentières et de réendettement. En cela, les cinq principes entérinés à Bandung ont progressivement été remisés et supplantés par des intérêts commerciaux et politiques. La trajectoire de la relation globale Afrique-« Sud » doit ainsi se lire à travers cette rhétorique Sud-Sud et les véritables motivations qui guident visites officielles, investissements et échanges.

En raison de la multiplicité des acteurs impliqués, le panel souhaite privilégier les communications portant sur les principaux partenaires non-occidentaux du continent africain, soient les BRICS. Ces communications permettraient ainsi de retracer, sur le temps long, ces relations bilatérales ou multilatérales sans se départir des principaux enjeux actuels. Le panel entend alimenter les « études postcoloniales Sud-Sud » et appréhender les rapports contradictoires entre capitales africaines et étrangères, du moment qu'elles ne soient pas occidentales. En tout état de cause, ces capitales comptent de plus en plus sur l'Afrique, vue en tant que levier pour accéder au statut de puissance internationale. Pour ces États, le continent représente ainsi un enjeu commun, encore que les approches diffèrent parfois pour atteindre les objectifs respectifs.


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