Le rire et les plaisanteries entre contestation, protection et mise en relation
Katja Gentric  1, 2@  , Laure Carbonnel  3@  
1 : University of the Free State [South Africa]
2 : Centre Georges Chevrier. Sociétés & Sensibilités [Dijon - UMR7366]
Université de Bourgogne : UMR7366, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7366
3 : Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative  (LESC)  -  Site web
CNRS : UMR7186, Université Paris X - Paris Ouest Nanterre La Défense
21 Allée de l'université F-92023 92023 NANTERRE CEDEX -  France

Figures de trickster ou de bouffon rituel, relations à plaisanterie, presse satirique, caricatures politiques, satire dans les cérémonies rituelles ou de divertissement, les formes de plaisanteries et de rire résonnent sur le continent Africain dans une oscillation entre sens et non-sens, farce et tragédie, engouement et évitement, joie et souffrance. Les acteurs sont variés de même que les supports, pièces de théâtre ou talk-show, bande dessinée films et vidéos, publicités, performances d'artistes contemporains. Que nous disent ces formes de communication ?

Rires et plaisanteries peuvent être appréhendés de différentes façons. Les relations à plaisanterie par exemple ont servi de support aux analyses des rapports hiérarchiques; la valeur morale des insultes proférées a été interrogée par les observateurs étrangers, tandis que le rôle de pacification est mis en avant dans les discours politiques (Canut et Smith 2006). Les plaisanteries et le rire sont réputés pour faciliter l'intégration d'étrangers, mais aussi pour exclure un tiers; ils créent une communauté émotionnelle autant qu'ils reproduisent les différences et les inégalités sociales (Reichl et Stein 2005). Le rire en particulier, présente à la fois une dimension universelle et des spécificités culturelles (Isaak 1997).

Au regard de la thématique Afriques enchantées, Afriques en chantiers, l'objectif de ce panel est de décrire et d'analyser ce fil entre des intentions et des effets opposés dans la manière dont les formes sont crées et produisent un sens particulier. Le rire et les plaisanteries n'étant jamais univoque, et émergeant des personnes présentes et de la situation (Handelman et al 1972, Carty et al 2008). Nous appelons des communications qui s'appuient sur des études de cas précises afin de bien saisir leur tonalité, et la capacité des personnes en présence à se saisir d'un sens parmi d'autres. Comment produire le rire et qu'est-ce qu'il produit ? (Schnurr 2008) Autrement dit il s'agira de restituer forme et sens au rire, aux gestes et aux mots et à l'écologie des situations d'où ils émergent. Du burlesque au mot d'esprit, qu'est-ce qui fait rire, pourquoi créer ces situations ambivalentes, quelles sont les dynamiques affectives et interprétatives engagées ? L'attention sera donnée sur ce que le rire et les plaisanteries séparent et relient, comme les générations, les genres, l'altérité, les valeurs, tant dans expression que dans leur contenu.

Références citées

C. Canut et E. Smith, « Pactes, alliances et plaisanteries. Pratiques locales, discours global », Cahiers d'études africaines 46 (184), 2006

J. Carty et Y. Musharbash, “You've Got to be Joking: Asserting the Analytical Value of Humour and Laughter in Contemporary Anthropology”, Anthropological Forum 18 (3), 2008, p. 209-217

D. Handelman, B. Kapferer, “Forms of Joking Activity: A Comparative Approach”, American Anthropologist 74 (3), 1972, p 484-517

J.A. Isaak, Women laughter Feminism and contemporary art : the revolutionary power of women's laughter, Routledge, London, 1997

S. Reichl, Mark Stein (dir.), Cheeky Fictions, Laughter and the Postcolonial, Radopi, Amsterdam, New York, 2005

A. Schnurr, Über das Werk von Timm Ulrichs und den Künstlerischen Witz als Erkenntnisform, Analyse eines pointierten Vermittlungs- und Erfahrungsmodells im Kontext ästhetischer Bildung, Dortmunder Schriften zur Kunst, Dortmund, 2008


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