Production et diffusion de mécanismes miracles dans l'industrie du développement. Les modèles voyageurs confrontés aux contextes
Jean-Pierre Olivier De Sardan  1, 2, 3@  , Ilka Vari-Lavoisier  4, 5, 6@  
1 : Directeur de recherche, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
(EHESS)
2 : Directeur de recherche émérite, Centre National de Recherche Scientifique
(CNRS)
3 : Chercheur, Laboratoire d'Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL)
4 : Postdoctorante ERC, Università di Trento
5 : Visiting Academic, University of Oxford
6 : Chercheure associée (DIAL), Institut de Recherche pour le Développement
(IRD)

Un modèle voyageur prend toujours racine, quelque part dans le monde, dans une expérience fondatrice (ou sucess story) dont les experts se saisissent pour la transposer à d'autres contextes. Le modèle est ainsi manufacturé autour d'un mécanisme causal, supposé garantir son effectivité intrinsèque, avant d'être disséminé dans d'autre contextes par des réseaux d'experts et de décideurs liés à des institutions internationales.

 

Les « modèles voyageurs » (Rottenburg, Park, and Behrends 2014) – les interventions standardisées ou nouvelles reformes « prêt-à-porter » – prennent des formes variées, à différentes échelles, comme l'illustrent les protocoles de sante maternelle, promus par l'UNICEF et l'OMS en Afrique de l'Ouest, ou le paiement à la performance, promu par la Banque Mondiale, dans les pays du Sud (Olivier de Sardan, Diarra, and Moha 2017). Lors de la mise en œuvre sur le terrain, les modèles voyageurs peuvent toutefois être soumis à divers contournements ou décalages, découlant notamment des interactions entre les différents groupes stratégiques concernés. Ainsi la dissémination de mécanismes miracles dans des formes quasiment identiques, dans de multiples pays, peut conduire à sous-estimer l'importance des contextes – comme l'illustrent le cas du micro-crédit (basé sur la diffusion de l'expérience de la Grameen Bank, cf. Bédécarrats, Bastiaensen, and Doligez 2012) ou les programmes de cash transfer (basés sur l'expérience Bolsa Familia and Oportunidades en Amérique Latine, cf. Olivier de Sardan and Piccoli 2017).

Dans le prolongement de ces réflexions, ce panel invite des contributions empiriques éclairant (1) la construction de modèles voyageurs i.e. la transformation de « sucess stories » fondatrices en « mécanismes miracles »; (2) les acteurs (individuels ou collectifs) impliqués dans la diffusion de modèles voyageurs ; (3) les stratégies d'adoption sélectives déployées par les acteurs locaux (qui vont du rejet déguisé à la désarticulation); (4) les effets inattendus des contextes où ces interventions standardisées sont mises en œuvre – en d'autres termes : la revanche des contextes.

 

Les études de cas et contributions interdisciplinaires sont bienvenues. Les chercheurs des différentes branches des sciences sociales, ainsi que les acteurs de terrain sont encouragés à participer. Soumission des résumés (300 – 500 mots, en français ou en anglais) : 28 février 2018. Merci d'adresser résumés, questions ou remarques à jeanpierre.olivierdesardan@ird.fr et ilka@upenn.edu


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