Marseille dans « l'usage du monde » de marins de l'océan Indien (fin XIXe-années 1960)
Simon Imbert-Vier  1@  , Laurent Jolly  2@  
1 : Institut des Mondes Africains
Université Panthéon-Sorbonne, Institut de Recherche pour le Développement, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Ecole Pratique des Hautes Etudes, Aix Marseille Université, Centre National de la Recherche Scientifique
2 : Les Afriques dans le monde
Sciences Po, Centre National de la Recherche Scientifique

Ce panel se propose d'aborder la question de la circulation des marins coloniaux et de leur relation aux ports qu'ils visitent et parcourent, en s'intéressant plus précisément aux navigateurs venus des colonies françaises de l'océan Indien (Madagascar, Mascareignes, Comores, Djibouti) et à leur approche d'un port colonial qui est aussi une grande ville méditerranéenne, Marseille.

Il se situe dans une volonté de développer et traiter l'articulation de deux questionnements scientifiques. D'abord de développer une historiographie des marins africains, un champ encore très inégalement abordé en dehors de quelques études en anglais (Hyslop, 2009 ; Schler, 2011) ou en français (Manchuelle, 2004; Gary-Tounkara, 2014) pour le XXe siècle, voire pour des périodes antérieures notamment dans l'océan Indien (Vernet, 2015). Ce panel permettra donc, à partir d'un point plus approfondi sur l'état de la question, d'impulser de nouvelles recherches sur ce point fondamental pour la compréhension plus globale des circulations en situation coloniale.

Le projet s'enrichit d'un second objectif, étroitement lié, avec la volonté d'interroger les relations de ces gens de mer au port phocéen depuis la fin du XIXe siècle, dans le prolongement des recherches déjà entreprises sur l'origine de l'installation de diasporas sur place (Bertoncello, Bredeloup, 1999; Slimani-Direche, Le Houérou, 2002). Différentes facettes de Marseille, celle des intérêts coloniaux (Daumalin, 1992), des « désirs d'ailleurs » (Aillaud, Aillaud, Barbier, alii, 2006 ; Roncayolo, [1990] 2014) ou encore de nombreuses communautés - françaises ou étrangères, européennes ou ultra-marines - (Temine, 1989-1991) sont maintenant assez bien étudiées. Des auteurs proposent d'identifier et étudier la présence dans le Marseille de la période coloniale de groupes construits selon d'autres logiques et pas nécessairement repérés auparavant, comme les communautés «noires» (Pattieu, 2009; Nasiali, 2016). En revanche, la présence et les pratiques des marins nord-africains, ouest-africains, somalis, comoriens ou malgaches, fréquentant régulièrement ou parfois établis durablement dans le grand port méditerranéen à l'époque coloniale, restent encore à explorer.

Les présentations et discussions que permettra ce panel sont envisagées comme le premier moment d'une réflexion plus large sur les circulations et les pratiques des marins africains, voire même plus généralement des navigateurs issus des espaces coloniaux, ainsi que sur leur relation aux ports méditerranéens durant la période coloniale, qui pourrait aboutir sous la forme d'une rencontre large ou d'une série de journées d'étude.


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