Travail/Famille : articulation des temps sociaux dans les villes africaines
Laure Moguerou  1@  , Agnès Adjamagbo  1@  
1 : Laboratoire Population-Environnement-Développement
Institut de Recherche pour le Développement : UMR_D151, Aix Marseille Université : UMR_D151

Les progrès en matière de scolarisation des filles en Afrique de l'Ouest, particulièrement manifestes dans les grandes villes, font que les femmes aspirent de plus en plus à être indépendantes économiquement et ne perçoivent plus le mariage et la maternité comme les seules voies possibles de réalisation de soi. L'émergence de nouveaux modèles conjugaux, caractérisés notamment par des mariages plus tardifs et choisis, une baisse des écarts d'âge entre conjoints, un nombre d'enfants réduit, en particulier chez les femmes urbaines les plus scolarisées, en attestent. Ces transformations s'accompagnent de la féminisation du marché de l'emploi urbain, dans un contexte de renchérissement du coût de la vie, du chômage et de la précarisation de l'emploi des hommes, depuis les années 1990.

Les femmes des capitales ouest-africaines, de toutes les franges sociales, sont ainsi nombreuses à cumuler travail rémunéré et travail domestique. Si la manière dont les femmes actives parviennent à articuler charges familiales et investissement professionnel est un objet de préoccupations scientifiques et politiques dans les pays européens, elle reste un sujet quasi-inexistant des problématiques sociales, économiques et de recherche en Afrique subsaharienne. Les changements de ces dernières décennies dans les capitales ouest-africaines suggèrent qu'il s'agit là d'une question fondamentale dans ces espaces sociaux. Cette thématique permet en outre de penser l'évolution des sociétés urbaines ouest-africaines dans leurs aspects les plus novateurs et dans leurs limites, en étudiant les domaines qui peuvent être investis par les femmes et ceux qui leur sont encore difficiles d'accès, voire refusés.

Sont attendues dans le cadre de ce panel des communications portant sur l'articulation entre le travail rémunéré et le travail domestique au sein des ménages et des couples et sur les stratégies de conciliation travail-famille des femmes :

  • Qui, dans les ménages, participe aux dépenses courantes, à la préparation des repas, à la vaisselle, au ménage, à l'entretien du linge, aux courses, aux soins et à l'éducation des enfants ? Comment se construit, au sein des ménages et des couples, la négociation (implicite ou explicite) sur le partage des tâches et des dépenses ?
  • Quels sont les effets de la contribution des femmes actives aux dépenses et aux prises de décision au sein des ménages ? Ce nouvel attribut renforce-t-il leur pouvoir au sein du couple et permet-il d'équilibrer la division socio-sexuée du travail dans les familles ? Bouleverse-t-il les normes sociales soutenant une forte séparation des rôles masculins et féminins ?
  • Quel temps les femmes actives passent-elles au travail et à assurer les tâches domestiques et de soins et d'éducation des enfants ? Comment organisent-elles ces différentes activités dans la journée et dans la semaine ? Sont-elles aidées et par qui dans ces tâches ? 

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