Tourner en dérision le malheur pour inventer un monde qui le dépasse a longtemps été le fait de rituel d'inversion en pays Gouro (RCI) autour de masques peu connus des amateurs d'art, les masques dits « maladie » par les collectionneurs. Pour les Gouro, c'est précisément leur laideurs qui signe leur puissance, de guérison, et ici de restauration. Lors de leurs performances étaient tournés en dérision les puissants du moment (Haxaire, 2009). Les danses profanes de leur côté mettaient en scène, pour les moquer, les figures émergentes de l'administration nationale, c'était le cas de la danse dite tcha-tcha, dans les années 1970. Dans le chant zouglou de la culture urbaine, Zamble, le petit Gouro, corrompt son instituteur impotent grâce à ses fameux cure dents (Haxaire, 2011). Les chants contemporains, enregistrés et diffusés sur les ondes ne sont pas en reste, glosant par exemple l'attachement des femmes à ces mystérieux petits sacs de plastique bleus. Mais si les formes anciennes de mises en scène comiques, tant rituelles que profanes avaient pour effet de ressouder les communautés, ce qu'ensuite le courant zouglou avait sciemment pour objectif au niveau national (Okomba, 2009), qu'en est-il maintenant des chants enregistrés ? Ces chants animent toujours les veillées et leurs orchestres attirent le public. Nous tenterons d'analyser les ressorts de ce succès, les figures mises en avant, et les effets produits.