Christel Dior TAMEGUI
Doctorant en science politique/Université de Rennes1.
christdior09@yahoo.fr
Titre de la communication
Le nouveau statut de l'Etat au Cameroun : Etat interventionniste ou Etat subsidiaire ?
Analyse à partir de l'action du génie militaire dans le champ du développement.
Contraint par la démarche néolibérale des bailleurs de fonds internationaux, l'Etat au Cameroun, comme dans la plupart des pays en Afrique, a longtemps été congédié au profit de la promotion d'un secteur privé local quasi inexistant ou d'une économie de marché qui n'a qu'imparfaitement, si non, pas du tout, tenu les objectifs de développement. Aujourd'hui, l'on assiste progressivement à la déchéance de cet « Etat libertarien » à la faveur d'une recrudescence de la place de l'Etat au Cameroun à travers des grands projets structurants. Les slogans mobilisés pour traduire la démarche développementaliste de l'Etat sont, à ce sujet, évocateurs. En effet, du « Cameroun des grandes ambitions », l'on tend vers un « Cameroun émergent » à l'horizon 2035 qui sera l'aboutissement du « Cameroun des grandes réalisations ». Ces expressions, bien qu'elles revêtent souvent un caractère de slogan politique ou de politique politicienne, n'en traduisent pas moins la volonté de l'Etat camerounais de réinvestir le champ du développement.
L'interventionnisme de l'Etat camerounais est multi-niveau, mais, la présente réflexion se propose d'interroger le statut de l'Etat au Cameroun, à travers des projets de développement réalisés par les unités du génie militaire, dans le cadre de la mise en œuvre du continuum armée-développement. Dans cette perspective, le questionnement susceptible de structurer notre raisonnement est le suivant : Sommes-nous vraiment dans une logique développementaliste au sens où l'on entend lorsqu'on évoque la nature des Etats dans les pays du Sud-Est et l'Est asiatique dans les années 1970 ? Ne sommes-nous pas plus proche de l' « Etat subsidiaire » (Chantal DELSOL) ? L'interventionnisme étatique au Cameroun est-il en mesure de créer les conditions d'un véritable bien-être des populations ?
Pour tenter de répondre à ces interrogations, cette étude part de l'hypothèse que le regain de l'Etat dans le champ du développement au Cameroun ne lui donne pas encore le statut d'un véritable Etat développementaliste à l'image des pays du sud-Est et Est asiatique dans les années 1970 ; ceci parce que tous les codes d'un Etat de type développementalistes ne sont pas réunis. On peut par contre faire un rapprochement entre la nature de l'Etat au Cameroun et l' « Etat subsidiaire » au sens où l'entend Chantal DELSOL; c'est-à-dire un Etat qui, tout en restant dans ses sphères traditionnelles de compétences (missions régaliennes), intervient dans les autres sphères pour palier les insuffisances ou l'absence du secteur privé et créer les conditions de développement de l'initiative privé locale. Toutefois, faute de moyens suffisants, cet Etat ne peut, en l'état actuel, qu'insuffisamment répondre aux besoins d'une population en proie à la pauvreté structurelle. Cette proposition de communication s'appuie sur des données de terrain relatives à l'activité de développement de l'armée camerounaise, données collectées du 1er septembre 2017 au 31 Octobre 2017 lors d'un séjour de recherche au Cameroun.