Cette communication repose sur des enquêtes ethnographiques en cours en Côte d'Ivoire où nous avons pu observer depuis les années 2000 la vitalité des mouvements soufis et des pratiques occultes malgré la popularité des mouvements rigoristes et textualistes. Le dynamisme du soufisme se manifeste entre autres par la persistance de pratiques occultes liées aux marabouts guérisseurs et la multiplication des jeunes marabouts. Dans un premier temps, cette vitalité remet en question la perspective selon laquelle les mouvements de réforme seraient linéaires et impliqueraient la disparition d'autres formes de croyance. Par contre, ces nouvelles figures du marabout intègrent certains des discours et des idéologies associés à un islam salafiste. Ainsi, les nouvelles figures du marabout guérisseur en Côte d'Ivoire sont des lieux de l'assemblage de ces diverses idéologies et pratiques en islam. À travers, la description des techniques, des types de savoirs mobilisés dans leur pratique, ainsi que les trajectoires de reconnaissance et de légitimité des jeunes marabouts, notre communicationdémontrera que ces nouvelles figures du marabout rendent compte, d'une part, de l'impact de l'enseignement islamique formel (medersa) et des courants rigoristes des années 1990, et, d'autre part, du renouveau et de la popularité de diverses tendances soufies. De fait, ces nouvelles figures du marabout en Côte d'Ivoire permettent d'entrevoir l'interpénétrabilité de ces différentes façons de se revendiquer musulman/es. Afin d'illustrer les continuité entre l'islam rigoriste et l'islam soufi qui se manifestent à travers les nouvelles figures du marabout guérisseur, nous présenterons le cas de la Roqya, et plus spécifiquement les pratiques mises de l'avant par les raqui de l'ONG Coran Guérit, qui relève d'une structure associative transnationale, hautement structurée et standardisée dans sa pratique et sa vision du monde.