L'une des pratiques artistiques qui a toujours fait des émules et qui continue d'être l'un des ferments des relations entre l'Afrique et l'Occident demeure le théâtre. Dans les relations qui lient ces deux espaces, les créations dramaturgiques africaines ont longtemps été jugées à l'aune de celles conçues en Occident. Cette approche a pour fondement essentiel le fait que la majorité des techniques théâtrales modernes ont été conceptualisées en Occident. Malgré cet état des choses, les besoins de rencontres et de partage demeurent vivaces dans ces deux régions du monde. Cela s'est accentué avec le phénomène de la mondialisation.
Depuis quelques décennies, ce phénomène qui se veut à la base économique, a aussi atteint le quotidien des dramaturges. Qu'ils soient occidentaux ou Africains, il s'agit pour eux de découvrir d'autres univers et pratiques artistiques à travers le monde au point que des projets sont conjointement menés sur les deux continents. Parfois, ces initiatives artistiques sont le prolongement d'actions antérieurement. Sont de celles-là Mgoulsda yaam depuis Ouaga[1] créée et diffusée au Burkina Faso et en France. Ecrit à quatre mains, ce projet lie deux dramaturges contemporains du Burkina Faso et de la France, en l'occurrence Aristide Tarnagda et Alexandre Koutchevsky.
A travers l'analyse d'un tel acte de création dramaturgique, nous examinerons la cohabitation d'une langue nationale (le mooré) et d'une langue officielle (le français) dans un même texte. Qu'est-ce que cela implique-t-il ? Se réalisant sous forme de théâtre paysage, qu'est-ce que cette pratique nouvelle induit-elle dans un espace comme le Burkina Faso ?
Dans la première articulation de cette étude, nous nous attarderons sur les relations de travail qui lient Aristide Tarnagda et d'Alexandre Koutchevsky. Dans un second temps, il sera question de la création de Mgoulsda yaam depuis Ouaga en elle-même. Un premier aspect de cette partie sera consacré à la genèse de ce projet. Le deuxième aspect de cette partie sera consacré au déroulement de cette initiative. L'on mettra l'accent sur différents moyens matériels et financiers qui ont concouru à la réalisation de ce projet.
[1] Ce titre renferme deux langues : le mooré, langue principalement parlée au Burkina Faso (Mgoulsda yaam : Je vous écris) et français : depuis Ouaga.