Dire l'amour sous Sékou Touré. Enjeux politiques et esthétiques d'un corpus privé de poésie amoureuse
Elara Bertho  1@  
1 : Les Afriques dans le monde
Sciences Po, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5115

En travaillant dans le fond d'archives privées collectés par le chercheur Bernard Mouralis, nous avons trouvé deux corpus d'une même écrivaine guinéenne : une trentaine de poèmes d'une part ainsi qu'une courte nouvelle intitulée « Il était une fois mon frère » d'environ soixante pages d'autre part. Les traces de cette auteure sont difficiles à retrouver, quelques mentions éparses informent peu de leur contexte d'écriture. Les textes débutent en 1971 et s'échelonnent jusqu'à la fin du régime de Sékou Touré en 1984. Très intimes, ils décrivent pour la plupart d'entre eux le sentiment amoureux. À bien des égards, ces textes sont problématiques et constituent une gageure pour l'analyse : comment traiter ces documents dont le contexte de production reste obscur ? Faut-il conserver l'anonymat de leur auteur en les étudiant ? Quel est l'impact du choix de l'écriture en français sur la description du désir et de l'abandon amoureux ? Quelle place accorder à l'étude du cliché et du stéréotype dans l'analyse ? Surtout, comment les traces du politique surgissent-ils au sein de l'intime ?

Ce panel sera l'occasion d'une réflexion méthodologique sur le traitement de tels sources intimes, sur leur éventuelle mise en réseau avec d'autres corpus cherchant à énoncer le désir sexuel et amoureux, sur les relations entre intime et politique enfin. Bien que difficiles à manier, il nous semble en effet que ces textes méritent d'être étudiés, en ce qu'ils laissent transparaître de précieux témoignages dégagés de tout filtre éditorial ou encore de tout contrôle de la censure. Ils constituent en cela un éclairage inédit sur la période et interrogent le rôle de l'écriture personnelle en français sous Sékou Touré.


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