Á travers le récit de la fondation de l'institut œcuménique de théologie au Maroc, l'institut Al Mowafaqa, qui s'est construit en écho aux migrations africaines au Maroc depuis 2012, notamment face à la diversité chrétiennes qui s'est répercutée dans les églises historiques et dans les quartiers avec le développement des églises de maison. Nous nous intéresserons de plus près au parcours de trois étudiants (Miora, Romain et Jean). Ceux-ci ont fait partie de la première promotion de licence de théologie et ont ainsi été diplômés en juin 2017 pour deux d'entre eux alors qu'un 3ème devrait terminer en 2018. Ces étudiants, protestants et catholiques, ont soit un parcours d'étudiant-migrant soit un parcours de migrants ayant repris des études de théologie. Comme nous l'avons montré dans d'autres travaux, en religion, le temps long de la migration c'est un temps où souvent l'on renforce et ancre sa foi, mais aussi un moment d'indépendance où l'on s'éloigne du regard et du contrôle des aînés pour faire ses propres expériences religieuses, un temps de négociation entre une religion héritée et religion négociée dans la mobilité, un temps parfois de butinage qui peut amener à de nouvelles rencontres religieuses. La migration peut donc révéler de nouvelles appartenances, bouleverser ou en confirmer d'anciennes au sein de sa mouvance religieuse mais elle est aussi un moment de rencontre avec d'autres religions présentes dans le pays d'accueil. Nous verrons comment ces étudiants, devenus à mi-temps suite à la reprise de leurs études, assistants de paroisse ou membres d'association religieuse d'accompagnement des migrants vont intégrer petit à petit d'autres visions théologiques, construite en lien avec leur investissement dans la société marocaine, leur rapport à l'islam et le contexte migratoire.