Le débat concernant l'avenir de l'Afrique se situe aujourd'hui entre les deux versants de l'afrofuturisme et de l'afropessimisme. Dans ce contexte, la production littéraire a souvent recours à la figure de l'apocalypse, évoquée dans beaucoup de cas explicitement dès le titre, comme par exemple chez Tierno Monénembo :Les écailles du ciel, Boualem Sansal : 2084. La fin du monde ou Léonara Miano : Tels des astres éteints.
L'apocalypse comme figure de pensée se caractérise par deux moments opposés qui réunissent les versants de l'afrofuturisme et de l'afropessimisme. Ouvrant un futur par la prophétie, l'annonce de la fin du monde le détruit en même temps (Koselleck). La présente contribution s'intéresse spécialement à deux romans qui ajoutent à ce double-horizon de l'avenir un troisième élément, à savoir un moment post-apocalyptique. Tierno Monénembo dans Les écailles du ciel (1986) et Kossi Efoui dans Solo d'un revenant (2008) racontent l'histoire violente, même génocidaire de pays africains qui aboutit dans les deux cas à un scénario apocalyptique. Celui-ci ne se situe plus dans un futur lointain, mais fait partie de l'histoire racontée et demande à être surmontée. L'avenir se construit donc assez paradoxalement à partir d'un passé apocalyptique. Nous interrogerons d'abord les modalités du récit post-apocalyptique qui, tout en racontant la catastrophe, introduit un moment rédempteur sur le plan de la narration. Dans un deuxième moment, nous analyserons de plus près les dimensions temporelles de ce récit post-apocalyptique. En s'écartant de la téléologie et en proposant un futur post-apocalyptique, celui-ci contribue à établir une conception du temps qui embrouille les relations entre le passé et l'avenir et ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour les futurs de l'Afrique.