Depuis son commencement fin 2007, le programme Africapolis est consacré à l'urbanisation en Afrique sub-saharienne. Africapolis 1 a porté sur l'Afrique occidentale (2008), Africapolis 2 sur l'Afrique centrale et orientale (2010), Menapolis sur l'Afrique du nord (et le Proche-Orient) (2011). Les données Africapolis 1 ont été actualisées en 2015. En 2018, une version de la base de données Africapolis étendue à l'ensemble du continent est en cours de finalisation. Elle propose des données sur l'urbanisation en Afrique en 2015.
En localisant et dénombrant les agglomérations de plus de 10 000 habitants, en permettant de mesurer leur multiplication et leur croissance démographique, le programme Africapolis 2 a notamment conduit à réinterroger, pour l'Afrique centrale et orientale, la relation séculaire entre activités agricoles et croissance des villes. Ce questionnement s'appuie sur le croisement des localisations urbaines avec l'occupation agricole et non agricole du sol. Africapolis 2 a ainsi permis de relier les formes et formations du peuplement à des logiques d'habitation successives qui peuvent s'effacer, émerger, se combiner et conduire à la reconnaissance de territoires régionaux différenciés. L'urbanisation du corridor sahélien diffère de celle du chemin oubanguien qui ne se confond pas avec l'urbanisation des voies bantoues. Les foyers de peuplement éthiopiens ou des Grands Lacs proposent quant à à eux des formes d'urbanisation bien différentes des précédentes. .
Dès lors, à partir du nouveau jeu de données, notre communication propose d'étendre cette démarche à l'ensemble de l'Afrique sub-saharienne. Il s'agira de présenter une évaluation spatiale actualisée de l'état de l'urbanisation et de son évolution depuis les années 1960 en la croisant à nouveau avec la base Africover sur l'occupation du sol.
En effet, étant donné le caractère très récent de l'expansion démographique et urbaine, l'imagerie satellite prend ici une signification et une importance particulière : des images vielles d'une quarantaine d'années au plus, y témoignent mieux qu'ailleurs d'organisations (de formes) et de dynamiques spatiales (de formations) « ancestrales » du peuplement qui ont pu y perdurer jusqu'à il y a quelques décennies.
Le développement urbain actuel ne sort pas de nulle part mais d'un territoire peuplé depuis les origines de l'humanité, d'un territoire porteur de logiques à rapprocher d'une histoire, de logiques au sens de J.-P. FERRIER où la géographie d'une région du monde s'apparente à la révélation des logiques d'un territoire.