La forêt du Bassin du Congo est le deuxième massif forestier tropical après la Forêt
amazonienne. Qualifiée de second poumon écologique mondiale, elle constitue une réserve
importante pour la régulation du climat et du cycle de l'eau, la protection des sols et de la
biodiversité mais aussi une ressources économiques cruciales pour la sous-région. Avec plus
de deux millions de kmÇ, elle couvre 6 pays : le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-
Brazzaville, le Congo-Kinshasa, la Guinée équatoriale et le Gabon. Au Gabon et dans le grand
Libreville en particulier, notre zone d'étude, ces écosystèmes forestiers sont à la fois un cadre
de vie et un lieu de prélèvement des ressources utiles aux populations locales. Ces forêts ont
une valeur sociale et culturelle importante (agriculture, pêche, plantes médicinales, source
énergétique, lieu de culte etc.). Outre la valeur socio-culturelle, s'ajoute aussi la valeur
environnementale, qui elle, implique une protection et ou conservation et, une gestion durable
de ces écosystèmes.
Dans ce sens, depuis peu, on assiste au développement des politiques volontaristes de l'Etat sur
la préservation des écosystèmes forestiers. Ces politiques se caractérisent par la création des
aires protégées dont deux se situent dans notre zone d'étude. Cependant, ces écosystèmes
subissent des pressions accrues liées à l'extension urbaine, au développement des
infrastructures et certaines activités destructrices de forêt (défrichement, parcellaire ...). Ces
dynamiques socio-économiques ont une influence majeure sur les écosystèmes forestiers qui
malheureusement en portent l'empreinte. Au nord de Libreville, l'urbanisation rapide, planifiée
ou non, conduit à une artificialisation importante des milieux naturels notamment le couvert
forestier. Cette périurbanisation menace l'intégrité de l'Arboretum Raponda Walker (Forêt
classée de la Mondah) et du Parc National d'Akanda. Cette situation met clairement en évidence
une dichotomie entre les ambitions de développement, la survie des populations locale et les
objectifs de préservation/conservation des écosystèmes forestiers.
Dans cette communication, nous proposons un nouveau regard, celui des valeurs positives des
pratiques traditionnelles liées à l'exploitation des forêts, en l'opposant à l'idée de valorisation
des écosystèmes forestiers par l'écotourisme, seule alternative souvent évoquée.
Aussi, nous avons évalué les menaces qui pèsent sur ces patrimoines en étudiant les oppositions
entre le processus de développement et les politiques de conservation de ces espaces. Il s'agit
aussi de questionner les raisons de la difficile implémentation des politiques de gestion
traditionnelle de ces écosystèmes, prometteur et efficace et leur non considération comme telle.