Quand l'eau devient plus rare que le pétrole : analyse des conséquences des problèmes d'accès à l'eau sur les femmes dans les communautés du nord de la Côte d'Ivoire
Doba Soro  1@  
1 : Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (CIRES)

« On peut vivre sans lumière ; mais on ne peut vivre sans eau » ; dit un adage lobi[1]. Le 28 juillet 2010, l'Assemblée Générale de l'ONU a reconnu l'accès à une eau de qualité et à des installations sanitaires comme un droit fondamental. Le texte déclare que « le droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l'homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie ». En plus de cette résolution, il existe de nombreuses dispositions en faveur de cette denrée indispensable à la vie humaine.

 La question d'accès à l'eau potable demeure donc un défi majeur surtout pour les pays en voie de développement. En Côte d'Ivoire, malgré les efforts de l'État et les ONG pour faciliter l'accès aux infrastructures hydrauliques, bon nombre de communautés, notamment en milieu rural manquent d'eau. Les différentes crises qu'a connues le pays ont considérablement dégradé le cadre de vie. Ainsi, 40,13 % de la population rurale s'approvisionnait encore dans des puits et 20,55 % dans des rivières, selon le Ministère des Infrastructures Économiques (MIE, 2014). Malgré la dernière politique de gratuité et de facilitation d'accès à l'eau potable en 2012, le manque d'eau potable demeure toujours un problème crucial dans la zone nord et nord-est de la Côte d'Ivoire.

Parmi les différentes catégories de la communauté, les femmes sont celles qui subissent le plus cette situation de pénurie d'eau. Elles parcourent parfois des kilomètres pour s'approvisionner en eau dans les fleuves, les rivières (en saison pluvieuses) et des pompes de villages voisins. Comparativement au pétrole et d'autres denrées que l'on peut s'acheter chez le boutiquier du village ou au marché, les femmes souffrent beaucoup plus pour se procurer une cuvette d'eau. Le calvaire subi sur les chemins à la recherche de l'or bleue et les heures d'attente causent de véritables pertes et du retard dans les autres tâches assignées à la femme dans la communauté.

Comment les femmes subissent-elles le manque d'eau dû au changement climatique dans les communautés rurales du nord ivoirien ?

Les données ont été collectées dans quarante villages du nord-est et du nord de la Côte d'Ivoire, auprès des femmes à l'aide de focus group, entretiens individuels et d'observation. Ces données nous permettent présenter les résultats en trois principaux points : d'abord les effets du changement climatique observé en milieu rural, ensuite les sources et le processus d'approvisionnement en eau par les femmes ; enfin nous mettront un accent particulier sur les souffrances des femmes liées au manque d'eau.


[1] Les Lobi sont un peuple du Nord-est de la Côte d'Ivoire. Ils appartiennent au grand group Gur ou Voltaïque et vivent dans la région du Bounkani.


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