Les projets de développement ont été décrits comme des arènes, c'est à dire des lieux ou des situations de confrontation entre acteurs sociaux. Leurs logiques ne sont pas seulement sous-tendues par des cibles, des moyens, des ressources, y compris leurs groupes stratégiques, mais aussi par leurs valeurs et leurs représentations.
Pendant la vie des projets, les intermédiaires, « courtiers » de toute sorte, tels que les techniciens de terrain, les cadres de projet, mais aussi les représentants des « bénéficiaires », les têtes de réseau de la société civile locale incluses dans des démarches participatives, font le lien entre la direction du projet et les populations locales au prix de multiples arrangements. Si on connait assez bien leur rôle sur les questions de développement, peu de choses sont connues sur leurs attitudes et leurs pratiques sur les questions de genre, alors que les projets de développement s'orientent plus fermement désormais vers la réduction des inégalités de genre.
C'est le cas du projet ASSTEL coordonné par une ONG française, le Gret, qui a pour but le développement de l'élevage, la structuration de la filière laitière et l'amélioration des conditions de vie et la diversification des revenus des ménages dans le département de Dagana. Accroitre et améliorer la production laitière, renforcer les organisations professionnelles, appuyer la diversification des revenus, structurer la collaboration entre éleveurs et administration supposent d'impliquer davantage les femmes dans la mesure où le lait, sa vente et sa transformation sont le domaine des femmes alors que la gestion du troupeau est celle des hommes. Ce sont elles également qui en menant diverses activités économiques (savon, transformation des céréales, maraichage) contribuent à la diversification des revenus.
Cette contribution s'attache à décrire les représentations des techniciens de terrain et des membres de la société civile en lien avec un projet au Sénégal. On se propose de traiter par l'analyse textuelle (Alceste) une trentaine d'entretiens et d'en analyser les principales composantes afin de les relier à l'environnement social du projet. La question est en effet d'éclairer la façon dont est négocié le genre, entre le projet et les populations locales ainsi qu'à l'intérieur du projet lui-même entre cadres nationaux et étrangers et technicien.ne.s.