Ujamaa na Mungu – (post)socialisme et religion : dynamiques contemporaines d'enchantement du régime politique tanzanien
Cyrielle Maingraud-Martinaud  1@  
1 : Les Afriques dans le monde  (LAM)  -  Site web
Sciences Po, CNRS : UMR5115
11, Allée Ausone 33607 PESSAC CEDEX -  France

La montée en puissance du référentiel religieux depuis les années 1980 en Tanzanie a souvent été analysée comme une manière de « combler » un manque, à la fois pour les citoyens tanzaniens et leurs élites, après l'abandon de la politique de l'Ujamaa au milieu des années 1980 (Bakari & Ndumbaro in Mukandala & al., 2006). Pourtant, s'il est clair que la politique économique du régime a beaucoup évolué, le champ politique reste marqué par la permanence d'un socialisme comme ethos – au sens d'une « matrice morale sélective et reconfigurée » (Fouéré, 2011).

 

Ma présentation s'attachera ainsi à dénouer les enchevêtrements contemporains entre le référentiel religieux et la matrice morale du post socialisme, en m'intéressant plus spécifiquement aux discours de légitimation des élites du Chama Cha Mapinduzi, au pouvoir depuis l'indépendance. Ces intrications ne sont pas récentes (Westerlund, 1980) et irriguent notamment le moment de la campagne électorale pendant laquelle se donne à voir le discours d'enchantement du régime autoritaire. Elles semblent en outre connaître un regain depuis l'élection de John Pombe Magufuli en 2015 qui joue facilement sur les deux tableaux : il est ainsi souvent présenté comme une figure christique, venu sauver la société de la corruption mais aussi comme un nouveau Julius Nyerere, adepte d'un mode de vie frugal et insistant sur le travail et l'autosuffisance.

 

Je montrerai ainsi plus précisément la manière dont la cumulation de ces deux référentiels influe sur les registres de l'enchantement du régime tanzanien : si cette nouvelle configuration permet une critique relativement plus libre, elle inscrit toutefois la discussion sur le terrain de la morale. Cette communication sera fondée sur des données recueillies pendant mon terrain de thèse en Tanzanie (mars 2014 – novembre 2016) ainsi que d'une revue de presse de ces deux dernières années.


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