Des esprits venus de toute part. L'exemple d'un lieu saint dans la capitale Tananarive (Madagascar)
Delphine Burguet  1@  
1 : Institut des mondes africains  (IMAF)  -  Site web
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Institut des mondes africains - 9, rue Malher 75004 Paris -  France

Territoire supposé de puissance, Tananarive est en mesure de faire de la mise en relation géopolitique et sociale. La sacralité de la ville, historiquement ancrée et renforcée par la multiplicité des lieux saints, ouvre sur une représentation d'espaces sociaux et identitaires plus vastes, notamment au niveau régional et national mais également dépassant les limites du pays, embrassant ainsi une multitude de liens spatio-temporels par l'intermédiaire du divin. Outre le phénomène de pèlerinage qui permet la mise en relation des lieux de culte à différentes échelles spatiales, il existe également des lieux saints cosmopolites qui favorisent la centralité cosmologique par la localisation en un seul lieu de divinités originaires d'autres territoires. Les faits religieux révélés par le culte d'esprits locaux, nationaux, migrants ou encore étrangers alimentent cette construction territoriale de l'unité. La communication propose de présenter un de ces lieux saints situés dans la capitale : il s'agit du doany d'Andriamisara, l'un des personnages historiques les plus connus en Imerina, voire dans tout Madagascar, « un thème culturel dominant à Madagascar malgré la connaissance fragmentaire que nous en avons tantôt réelle, tantôt mythique » (Ramamonjisoa 1975 : 16). Seront présentés les différents esprits ancestraux qui y résident et qui sont priés en fonction de leurs spécialités. L'aménagement de ce lieu saint met en exergue la représentation cosmologique de la colline, un territoire historiquement central et divin qui met en lien le ciel et la terre. Il représente aussi l'approche unitaire d'un rapport au sacré, une forme qui dépasse l'attachement institutionnel au religieux : les caractéristiques des esprits énumérés font référence à plusieurs appartenances religieuses dont l'islam, le catholicisme et le culte des ancêtres. Enfin, il s'agit aussi de recréer une communication avec le monde supraterrestre, de le contextualiser ou de l'adapter à une communication avec le divin de type transnational et syncrétique.


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