Dans le mouvement en aval et en amont de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 au Burkina Faso, émerge une association dont les actions et les acteurs retiennent l'attention ; le Balai Citoyen. Ce mouvement, l'une des figures de proue de la lutte qui a conduit à la chute du pouvoir de Blaise Compaoré, est né en 2013 dans la dynamique de la contestation des réformes constitutionnelles portées par le pouvoir. Mouvement de la société civile, le Balai citoyen se distingue des autres organisations de par la trajectoire de son équipe dirigeante, que de par son mode opératoire. Le mouvement a été fondé par des journalistes, des artistes, des étudiants et des activistes des droits humains réunis autour d'un même idéal : œuvrer à l'avènement de la démocratie, à l'assainissement de la vie publique, à l'équité dans la répartition de la richesse nationale, etc. En plus de sa composition atypique, le Balai citoyen a inventé un autre type de contestation. Il associe dans sa lutte actions conventionnelles et non conventionnelles. Il s'illustre dans l'occupation de rue pour faire passer son message, l'organisation de conférences débats et de caravanes de sensibilisation, des concert-citoyens, etc. Se revendiquant de l'idéologie sankariste, le Balai citoyen mobilise dans la classe jeune et tient un discours sur fond africaniste. Ses appels à la mobilisation sont toujours inspirés des discours de combattants africains, notamment Thomas Sankara. Quels étaient les logiques d'engagement et les modes d'actions ? Quelles sont les stratégies de mobilisation ? Comment expliquer l'adhésion de la population aux mots d'ordre de la jeunesse ?
Cet article se propose de faire un rapprochement entre les idéaux de Thomas Sankara et les modes de mobilisation du Balai citoyen. Pour cela, il s'est appuyé sur une recherche de type anthropologique. Les matériaux qui ont permis son écriture ont été collectés lors des entretiens avec les responsables et militants du mouvement, des observations participantes pendant le mouvement insurrectionnel d'octobre 2014.