l'immigration religieuse des Mourides vers la ville sainte de Touba (Sénégal).
Ndiaye Modou  1@  
1 : ucad

L'étude de la migration religieuse a intéressé les recherches en sciences sociales telle que la
sociologie, l'anthropologie, la géographie et autres. Comme la géographie recherche les dynamiques spatiales,
l'immigration constitue un baromètre d'analyse de la mutation des cités religieuses. Touba, au
cœur de cette étude, est une ville à l'opposé de celles créées par les occidentaux au Sénégal.
Elle a une fonction essentiellement religieuse et, de tous les pôles religieux du Sénégal, Touba
est celui qui exerce la plus grande influence sur la vie nationale.
Les éléments précurseurs de l'essor de l'immigration dans cette cité religieuse sont de
plusieurs ordres. La première révolution de Touba est née de la volonté de concrétiser les
vœux du Cheikh : la construction de la Grande Mosquée. Ceci poussa l'autorité de la tarikha
(confrérie) Mouride de désenclaver la ville de Touba par la construction du chemin de fer en
1932. Le transport des matérielles de construction nécessitaient des voies existantes. Cet
aspect montre la dynamique religieuse de Touba qui va se construire autour de ce projet.
La deuxième révolution est l'appel du peuplement de la ville par différents khalifes, d'abord
en 1985 par Serigne Abdou Lahat (1967-1989) puis par Serigne Saliou (1990-2007) qui ont
loti des milliers d'hectares et les distribuaient aux nouveaux arrivants. Cette situation a eu
pour conséquence une augmentation de la population qui de 1976 à 1988 passe de
29.634 hts à 123.552 hts et de 2002 à 2013 augmente de 542.419 hts et 1.060.462
hts soit un taux de croissance de annuel de 15%. (Gueye C., 2002)
La croyance à la philosophie mouride est l'élément qui explique cette vague
d'immigration vers Touba. Chaque Talibé (adepte) s'identifie à la cité de son vivant comme à
sa mort. Mais, les déplacements des populations dans cette localité ont des aspects différents
d'une part, le raffermissement de sa foi avec l'homme à qui on a porté allégeance et d'autre
part économique, les mobilités pendulaires des talibés (adeptes) durant les nombreux
évènements religieux explique en partie, la recherche pécuniaire au niveau de Touba. Pour
Ndiaye, (2010 : 130), les talibés « de jeunes célibataires ont émigré en direction de Touba
pour des raisons familiales et économique, mais surtout, dit-on pour être aux côtés du
fondateur du Mouridisme. » Le développement de la ville va s'organiser autour de ces
croyances. « Le sentiment identitaire a ainsi des fondements réels mais il constitue lui-même
la toile de fond de toutes les déterminations particulières qui font émigrer à Touba.
L'émigration presque exclusivement mouride vers Touba est un argument de poids qui revient
ici étayer la force du lien des mourides avec la ville » (Gueye C. 2002 :426)
L'intérêt d'une telle étude est de montrer la place de la religion dans les mobilités constatées
au niveau de Touba. Cette communication va se baser sur une recherche documentaire pour
ainsi, aborder divers aspects traitant les origines et logiques de création de la ville, les
mutations spatiales et démographiques notées et enfin les signes d'une extériorisation de la
philosophie mouride à travers le monde.


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