Émergé dans les années 1970 et 1980, le théâtre d'intervention sociale ou « théâtre utile » comme il est appelé au Mali, y est initié par Philippe Dauchez à Bamako. Constatant que les opportunités professionnelles pour les étudiants d'arts dramatiques sont très rares, il propose la formation secrète de petits groupes de théâtre indépendants, associés à l'organisation TRACT (Troupes de Recherche, d'Animation et de communications Théâtrales), alors que sous le régime Moussa Traoré ceci est interdit. L'objectif de cette organisation est de professionnaliser le métier de comédien en proposant à des organisations non-gouvernementales des pièces à la commande, contre rémunération, « sur des sujets humanitaires ou environnementaux » (Chambert P., Dauchez l'Africain, 2006) pour faire passer leur message à travers un moyen de communication qui atteint le public cible. Depuis ses premières missions jusqu'à aujourd'hui ce théâtre a connu un succès impressionnant et de nombreux groupes de théâtre utile ont vu le jour depuis. Si les uns se sont presque exclusivement consacrés à cette forme, comme le groupe Nyogolon, les autres prennent des commandes de pièces seulement de temps en temps pour améliorer leurs revenus afin de créer leurs propres pièces. En même temps, un discours critique s'est développé autour de la thématique du théâtre d'intervention sociale : Est-ce encore de l'art ? Dans un théâtre instrumentalisé y a-t-il encore de l'originalité, de création ?
Cette communication cherche à tracer la naissance d'une pièce de théâtre utile contemporain depuis la première initiative à la mise en scène et à la tournée. La pièce « La Lumière » par Adama Traoré, interprété par le groupe Air accord de l'association Acte Sept servira d'exemple. En faisant ceci nous voulons ouvrir la discussion sur la polémique, tout en impliquant les voix des artistes dans le discours critique sur le théâtre utile et sa véritable utilité.