Les Etats malien et nigérien face à la contestation « rebelle » des années 2000 - Réponses différenciées et violences particulières.
Pauline Poupart  1@  
1 : Sciences Po
Sciences Po Paris - Institut d\'études politiques de Paris-0

L'analyse portera spécifiquement sur la comparaison entre la rébellion du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) dans la région d'Agadez entre 2007 et 2009 et celle d'Ibrahim Ag Bahanga dans la région du Kidal au Nord-Mali à la même période, puis sur la situation des deux pays en 2011-2012 et le déclenchement du dernier conflit au Mali.

Il s'agira d'étudier les discours de contestation adressés à l'Etat afin de dresser un tableau de l'évolution de la « gouvernance » et de l'image étatique au Nord-Mali et Nord-Niger sur cette période. Le désenchantement ressenti, dénoncé ou amplifié sera analysé à travers les perceptions des acteurs combattants de l'époque et des autorités politiques régionales et nationales travaillant dans ses régions. Cette réflexion se fonde sur un travail de terrain de trois mois au Mali (Bamako) en 2015 puis de trois mois au Niger (Niamey, Agadez, Arlit) en 2016, réalisé dans le cadre de ma thèse sur les médiations algériennes et libyennes au Sahara-Sahel.

Deux catégories de réponses de l'Etat seront détaillées. D'abord, les réponses directes aux rébellions, au niveau militaire et diplomatique. Puis, les réponses post-conflit qui portent sur le contenu politique et socio-économique des revendications. Nous nous intéresserons à ce titre au rôle joué par les réseaux communautaires touareg dans le « retour à la paix ».

Comment expliquer la latence du conflit au Mali alors même que des accords avaient été signés entre les groupes combattants et l'Etat, alors qu'au Niger voisin la paix a été retrouvée en dehors d'un processus formel ?

-Si les rébellions maliennes et nigériennes des années 2000 sont toutes deux héritières des années 1990, le rapport à l'Etat était plus dégradé au Nord-Mali qu'au Nord-Niger tant dans la nature de la présence étatique dans la région septentrionale que dans les relais locaux utilisés ;

- L'aspiration à la sécurité s'est traduite par une militarisation du Nord-Mali à la différence du Niger où les autorités ont favorisé la surveillance et l'intégration des différentes communautés du Nord au sein de l'architecture institutionnelle ;

- Enfin, les réponses différenciées des gouvernements au retour des Touaregs d'origine malienne et nigérienne de Libye ont entrainé pour le Mali une jonction « d'opportunité » entre revendications politiques et groupe à potentiel combattant qui a enclenché la reprise du conflit et son entrée dans de nouvelles dimensions idéologiques et guerrières.

 


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